Devenir parfait |
Du latin perfectus vient du verbe perficere traduit par "mener à
bien, accomplir, achever complètement" composé de per- (complètement)
+ facere (faire). Perfectus = “fait jusqu’au bout”, “achevé”,
“complet”.
De l'ancien français parfait, au Moyen Âge, parfait garde le sens
de “accompli, achevé, sans défaut” par extension “excellent,
idéal”appliqué à une personne moralement ou physiquement
accomplie. Dans un usage plus léger (un parfait au chocolat = dessert
complet, bien fini).Le parfait au chocolat est en gastronomie, est un dessert
dit “parfaitement” réussi dans sa texture (crème glacée
lisse, homogène). Le terme vient du fait qu’il était considéré
comme l’accomplissement, la perfection d’une préparation
glacée. Un “parfait au chocolat” est donc littéralement
“le dessert glacé considéré comme parfait dans sa
réalisation, aromatisé au chocolat”.
De nombreux termes renvoient à cette idée :
Ippon littéralement
un bâton (une seule traite, une bouchée, un seul coup, un seul
jet, un trait) une victoire pleine et entière, sans contestation
et parfaite.
Kansei : accomplissement, réalisation complète.
On retrouve ce mot dans l’idée d’achèvement parfait.
Cela renvoie à l’idée d’une technique menée
jusqu’au bout, correctement finalisée. Par extension, un mouvement
kansei est parfaitement exécuté, achevé avec justesse.
Kanpeki : parfait, sans défaut. Utilisé pour
exprimer la perfection absolue.
Zenshin de Zen (repère spatial avant, devant, ce qui
est en avant, coupure de cheveux, de visage et pied marchant en avant et par
extension antérieur, avant dans le temps, priorité et de Shin
(mouvement dynamique d'avancer, de progresser, d'aller de l’avant, c'est
pied qui avance vers un autel, s’avancer, aller plus loin, progresser).
Zenshin c'est avancer vers l’avant, progresser, marche en avant. C'est
avancer, progresser, aussi bien au sens physique, dans le sens concret (avancer
d’un pas) que symbolique, figuré (progrès d’une idée,
d’un projet). C'est le "en avant, marche !" militaire. C'est
le pas en avant en opposition à kotai (recul, retrait). On peut donc
y lire un symbole du progrès, de l’élan vital, de la volonté
d’avancer.
Être parfait ou avoir des défauts peut se comprendre de deux manières
:
- "parfait"
signifiant qui est sans erreur dans son essence et où "défaut"
signifient erreur dans son essence
Kanpeki (parfait, impeccable, irréprochable) : de kan (complet, parfait,
achevé) et peki / heki (disque de jade, pierre précieuse circulaire,
symbole de perfection sans défaut dans la culture chinoise).
Ce sens ne s'applique qu'à un concepte et non à la réalité
physique.
- "parfait"
signifiant qui est fini et où "défaut"
signifient un manque dans la finitude, qui n'est pas complet, pas accompli
Kansei (accomplissement complet, achèvement, perfection, réalisation)
de kan (complet, achevé, parfait, tout accompli, sans manque) et sei
(devenir, accomplir, réussir, réaliser, aboutir, réaliser
quelque chose)
Le mot "faute" aussi a ce double sens "d'erreur morale" et "d'un manque".
Ainsi les mots "perfectionner" qui signifie enlever des défauts et "parfaire" qui signifie rajouter un élément manquant afin d'atteindre la finitude de l'objet.
Ces deux visions s'opposent, la première étant fixiste et la deuxième dynamique en ce sens où on peut voir une personne comme étant par essence née parfaite ou avec des défauts ou étant le résultat de ces expériences à un instant T tendant vers la finitude d'une infinitude de naissance.
Rapporté à l'élève, il s'agit soit de gommer un défaut ou d'apporter une qualité positive pour combler un manque.
Plutôt que d'atteindre un but accessible, c'est, répétant
inlassablement le procès vers un but difficile à approcher, le
fait de polir qui importe, quand atteindre un objectif n'est perçu que
comme un simple point de passage".
Faire pour faire, sans autre but que de polir chaque fois un peu plus, un peu
mieux, sa pierre, non pour qu'elle soit plus belle que celle du voisin, mais
pour qu'elle s'ajuste parfaitement
à l'édifice commun et y prenne sa place, à la fois indistincte
et indispensable. Le jùdô
en appelle à notre soif non de perfection
mais de perfectionnement.
Dans la conjugaison, cela explique les noms des temps ainsi :
- imparfait : qui n'est pas terminé dans le passé, exemple : je
mangeais lorqu'il fit irruption
- plus-que-parfait : qui est terminé dans le passé, exemple :
j'avais mangé lorqu'il fit irruption
Voir aussi :
Ishinho.htm
MesEchecs.htm
ReflexionsJigoroKanoSelectionDeLaVoieEtEffort.htm